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la jalousie me brûle, el qu’il n’est pas de raisonnement possible dans de semblables moments. Ali ! clier ami, je soubaite que vous n’en souffriez jamais. Quelle nuit j’ai passée, et combien j’ai maudit cet amour cruel !

» Je vous ai attendu toute la journée… Dans le cas où le caprice vous pousserait demain vers la maison, je dois vous prévenir que je ne serai jamais chez moi que d’une beure à trois, ou, le soir, de huit jusqu’à minuit.

» Bonjour, mon Charles. Comment se comporte ce qui vous reste de cœur ? Le mien est plus tranquille. Je le raisonne fortement afin de ne pas trop vous ennuyer de ses faiblesses. Vous verrez ! Je saurai le contraindre à descendre à la température que vous avez rêvée. Je souffrirai très certainement, mais, pour vous plaire, je me résignerai à supporter toutes les douleurs possibles.

C’est à cette abnégation courageuse qu’après tant de traverses, tant d’alternatives de chagrin et de joie, d’attendrissement et de colère, le cœur de la pauvre femme s’arrêta enfin pour y trouver un peu de calme et de sérénité. M me Sabatier accepta d’être une amicale et maternelle conseillère. Témoin ce dernier billet, où elle emprunte le ton dont Asselineau exhortait le poète au travail :

« Etes-vous plus gai, et le drame prend-il tournure ? J’ai peur, très cher, que vous travailliez très peu, et ce serait fâcheux pour le public et malheureusement pour vous, parce que je crois voir, dans le projet que vous m’avez développé, un élément de succès. Je suis persuadée qu’en moins de quinze jours d’un travail un peu suivi, vous en viendriez à bout. Mais, bah ! vous n’en ferez rien. Il faudrait, pour cela, renoncer à l’opium, à toutes les fantaisies qui vous passent par la tète et vous accrochent à chaque pas. Je perds mon temps et ma peine à vous prêcher ; comme, après tout, vous n’en ferez que ce qui vous plaira, je n’ai pas trop de remords de mon petit sermon. Ceci