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journal du siège de paris.

plébiscite dira si le peuple veut un roi ou un président, mais je reste convaincu que Thiers ne fera pas de coup d’État pour placer le comte de Paris sur le trône. Le nom de Thiers inspire la confiance et relève à l’étranger le crédit de la France, singulièrement compromis par les excentricités de Gambetta et l’incapacité du gouvernement de Paris. Pendant tout le mois de février, Paris a été tout à fait tranquille. Le 24 février et les jours suivants, beaucoup de manifestations autour de la colonne de Juillet. On fait des discours, mais on ne songe pas à brûler une cartouche. Le 26 au soir, le bruit se répand que les Prussiens vont entrer à minuit. Belleville s’émeut. Plus de 50,000 hommes armés se portent du côté de l’Arc de triomphe de l’Étoile, afin de s’opposer par la force à l’entrée des soldats de Guillaume. C’est une fausse alerte, les Prussiens ne font leur entrée que le 1er mars. L’assemblée ayant ratifié les préliminaires de la paix le même jour, les Teutons quittent, le 3 mars au matin, le quartier de Paris où ils avaient été parqués comme des lépreux. Leur entrée dans Paris restera l’une des choses les plus ridicules de l’histoire.

Vous connaissez les conditions douloureuses de cette paix que le roi Guillaume vient d’imposer à la France. Je n’ai donc pas à vous en parler. Il me reste à vous dire un mot des causes de cette série de désastres sans précédent dans l’histoire. Dans ces derniers temps, j’ai vu beaucoup de militaires. J’ai causé avec des gens sérieux et qui raisonnent avec leur intelligence