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journal du siège de paris.

On dit que Bourbaki est à Senlis, à douze lieues de Paris. Une dépêche de Gambetta, datée du 3 novembre, nous apprend qu’après trois jours de combats heureux, l’armée de la Loire est arrivée à Montargis, à cent dix kilomètres de Paris. Si les armées qui viennent à notre secours ne rencontrent pas des forces ennemies trop nombreuses, nous pourrions bien être débloqués d’ici à huit jours. Quel bonheur de pouvoir enfin lire vos lettres, qui me font défaut depuis trois mois ! Les deux derniers ballons partis de Paris sont tombés, l’un en Hollande, l’autre à Christiania, en Norvège. Il est probable que vous recevrez une de mes lettres avec le timbre hollandais ou norvégien. Les affaires commerciales sont nulles en ce moment. Le nombre des boutiques fermées augmente chaque jour. La misère envahit les rues. On ne rencontre que mendiants et infirmes qui demandent du pain. Je crois que si nous ne sommes pas débloqués dans un mois, la position ne sera plus tenable.

Dimanche soir, 4 décembre. — Froid sibérien. Pas d’engagements sous les murs. Ce matin, l’armée du général Ducrot a repassé la Marne et est venue camper dans le bois de Vincennes. Il paraît qu’il n’entrait pas dans le plan de Trochu de garder les positions conquises dans les derniers combats et que le résultat que l’on cherchait a été obtenu. Nous autres, pauvres pékins, nous ne comprenons rien à ces combats glorieux qui nous laissent gros Jean comme devant. On nous a dit qu’il fallait avoir confiance dans le plan du général