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A cru, pour ébranler votre âme trop constante,
Devoir ranger son nom au nombre des proscrits ;
Mais, malgré le courroux dont son coeur est épris,
Il ne peut consentir à livrer votre père :
Ainsi ne craignez rien de sa feinte colère.

À Cicéron.

Il vient de m’ordonner de veiller sur vos jours,
Même aux dépens des miens d’en défendre le cours.
Marchons à Tusculum, tandis qu’avec Tullie,
Sextus ira se rendre au rivage d’Ostie.

Cicéron
.

Adieu, tristes témoins de mes voeux superflus,
Palais infortuné, je ne vous verrai plus.

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ACTE V


Scène I

Octave

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Seul.

Je le connais enfin ce rival trop heureux,
Que pour nous son seul nom, rendait si dangereux.
L’audacieux Sextus, que César trop facile,
Laissa vivre, ou plutôt régner, dans la Sicile,
Et dont il n’est sorti que dans le noir dessein
De me plonger peut-être un poignard dans le sein ;
Le traître n’a que trop attenté sur ma vie,
En séduisant le coeur de l’ingrate Tullie ;
Que de soins différents m’agitent tour à tour !
Un peuple mutiné, l’ambition, l’amour :
Sont-ce donc là les biens que tu cherchais, Octave,
Et dont pour ton honneur, tu n’es que trop esclave ?
Règne, puisque tu veux soumettre l’univers,
Mais en l’en accablant, partage moins ses fers.
Sextus qui te bravait échappe à ta vengeance,
Avec une valeur égale à sa naissance.
Que n’ai-je point encore à redouter de lui ?
Voilà ce qui me doit occuper aujourd’hui.
Sans être secouru que de sa seule épée,
Sextus, par ses exploits, fait revivre Pompée :