C’est-à-dire, Seigneur, que pour vous imiter,
Il faut mourir ensemble et ne nous point quitter ?
Ah, Sextus ! quoi, c’est vous qui voulez que je fuie ?
Non, ne vous flattez pas que je passe en Asie,
Ni que des conjurés empruntant le secours,
De mes jours malheureux, j’aille flétrir le cours ;
Rien ne peut m’engager à quitter l’Italie ;
Cependant je suis prêt pour contenter Tullie,
De sortir avec vous de ce triste palais ;
La nuit, à Tusculum, nous nous joindrons après,
Au bois le plus prochain, ma fille ira m’attendre,
Dans deux heures, Sextus, ayez soin de vous rendre,
Avec quelques soldats, au pont Sublicien ;
Le temps ne permet pas un plus long entretien.
Adieu ; mais avant tout, je veux revoir Mécène.
Ah ! Sextus, notre fuite est encore incertaine ;
Mécène, à Cicéron, fera changer d’avis,
Et les plus généreux, ne seront point suivis ;
On vient ; éloignez-vous, c’est César qui s’avance.
Il serait dangereux d’éviter sa présence,
Le tyran nous a vus ; je me rendrais suspect,
Si je disparaissais à son premier aspect.
Il croit que sur ses bords, la Seine m’a vu naître ;
Et d’ailleurs je crains peu César, quel qu’il puisse être.
Scène II
Je cherchais Cicéron, je veux encor le voir,
Quoique sa dureté me laisse peu d’espoir ;
Mais que fait près de vous ce Gaulois dont l’audace
Semble vouloir ici me disputer la place ?
Quel rang près de Tullie auriez-vous prétendu,