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Hélas, qu’en ce souhait mon âme s’est trompée !
À peine mon amour voit combler ce désir,
Que je perds à la fois Sextus et Clodomir :
Pourquoi de votre nom m’a-t-on fait un mystère ?

Sextus

J’ai cru devoir moi-même y forcer votre père ;
Je craignais de jeter dans un coeur généreux
Trop d’effroi s’il avait à trembler pour nous deux :
D’ailleurs convenait-il au fils du grand Pompée,
De se montrer ici sans éclat, sans armée,
Lui qui ne prétendait s’offrir à vos regards,
Qu’en protecteur de Rome, et vainqueur des Césars ?
Et que ne veut-on pas quand l’amour est extrême ?
Clodomir désirait d’être aimé pour lui-même ;
Sextus, sans votre amour pouvait-il être heureux ?
Mais en d’autres climats venez combler mes voeux.
Vous pleurez ! Depuis quand votre coeur intrépide,
N’oppose-t-il au sort qu’un désespoir timide ?
Je viens de rassembler quelques soldats épars,
Divisés sous leurs chefs autour de ces remparts ;
Vous les trouverez tous ardents à vous défendre ;
Et si de la valeur le succès doit dépendre,
J’espère que la mienne y pourra concourir,
Ne dût-il m’en rester que l’honneur de mourir.
Dès que pour vous dans Rome il n’est plus d’espérance,
Allons de la Sicile implorer l’assistance :
Ma flotte nous attend, je règne sur les eaux,
Engageons votre père à fuir sur mes vaisseaux ;
Il est honteux pour lui de se laisser proscrire ;
Vous avez sur son coeur un souverain empire,
Venez, faisons-lui voir qu’un glorieux retour,
Peut le mettre en état de proscrire à son tour.
S’il veut m’accompagner je réponds de sa vie,
Et l’amour couronné répondra de Tullie.

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