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Mais mes larmes n'ont point corrompu votre fils ;
De la foi des serments l'autorité blessée,
Des droits les plus sacrés la justice offensée,
De vos détours enfin l'exemple dangereux
N'ébranlera jamais un cœur si généreux.

Xerxès.

Pour son propre intérêt je veux bien vous en croire ;
Je n'en soupçonne rien de honteux à sa gloire.
Qu'il parte cependant, et que la fin du jour
Le trouve, s'il se peut, déjà loin de ma cour.
Vous, suivez-moi, Madame, où vous attend son frère.

Amestris.

Où, Seigneur ?

Xerxès.

Aux autels.

Amestris.

C'est en vain qu'il l'espère :
Un autre hymen plus doux m'engage sous ses lois.
Regardez ce héros, et jugez de mon choix.
Adieu, cher Darius, je mourrai ton épouse,
Crois-en de ses serments une amante jalouse,
Ou j'apprendrai du moins aux malheureux amants
Le moyen de braver la fureur des tyrans.

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Scène VI

Xerxès, Darius, Artaban, Tysapherne.
Xerxès.

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Où suis-je ? De quel nom l'orgueilleuse m'outrage ?
Quoi ! Dans ces mêmes lieux où tout me rend hommage,
Où je tiens dans mes mains le sort de tant de rois,
On m'ose faire entendre une insolente voix !

Darius.

Seigneur, qu'attendiez-vous d'une amante irritée,
De ses premiers transports encore tout agitée ?
Vous étiez-vous flatté de désunir deux coeurs
Qu'à s'aimer encore plus invitent leurs malheurs ?
Du moins pour m'accabler avec quelque justice,
Nommez-moi des forfaits dignes de mon supplice.
Si je suis criminel, et que n'immolez-vous
Ce fils infortuné qui se livre à vos coups ?
Oui, Seigneur, car enfin il n'est plus temps de feindre,