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Se repentirait-il de m'avoir couronné ?
À peine ses bontés m'élèvent à l'empire,
Que son cœur inquiet en gémit, en soupire ;
Privez-moi pour jamais d'un rang si glorieux,
Et me rendez, Seigneur, un bien plus précieux ;
Rendez-moi ces bontés et cet amour de père,
Qu'à tout autre bienfait Artaxerce préfère.
Mais quelle est mon erreur ! Plût au ciel que mon roi
Ne fît que soupçonner mon respect et ma foi ;
J'aurais bientôt calmé le souci qui m'accable.
Que je crains bien plutôt qu'Amestris trop aimable,
Avec une beauté qui l'égale à nos dieux,
N'ait peut-être trouvé grâce devant vos yeux !
Car enfin indigné de l'ardeur qui me presse,
Je vous ai vu frémir au nom de la princesse.
Seigneur, que ce silence irrite encore mes maux !

Xerxès.

Sans vous inquiéter du nom de vos rivaux,
Ne vous suffit-il pas qu'à son devoir soumise
Amestris à vos voeux soit désormais acquise ?
Elle ne dépend plus ni d'elle ni de moi ;
Son sort est dans vos mains ; je vous ai fait son roi.
Je vous crois cependant l'âme trop généreuse,
Pour vouloir abuser d'une loi rigoureuse ;
Consultez Amestris, elle mérite bien
Que votre cœur soumis attende tout du sien ;
Si je l'aimais du moins j'en userais de même ;
Et c'est ainsi qu'on doit disputer ce qu'on aime ;
Voyez-la, j'y consens, c'est vous en dire assez.

Artaxerce.

Non, Seigneur...

Xercès.

C'en est trop, allez et me laissez.

Artaxerce. sort.

Que je viens à regret d'alarmer sa tendresse ;
Que pour un fils si cher ma pitié s'intéresse !
La princesse paraît ; que de pleurs vont couler !
Qu'à son aspect mon cœur commence à se troubler !

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Scène VII

Xerxès, Amestris.
Xerxès.

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Madame, quelque amour qui puisse vous séduire,