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Veut qu'en ces lieux je m'assure de vous.
Souffrez...

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Je vous entends. Et quel est donc mon crime ?

Mitrane

J'en ignore la cause, injuste ou légitime :
Mais je crains pour vos jours ; et les transports du roi
N'ont jamais dans mon cœur répandu plus d'effroi.
Furieux, inquiet, il s'agite, il vous nomme ;
Il menace avec vous l'ambassadeur de Rome ;
On vous accuse enfin d'un entretien secret.

Rhadamisthe

C'en est assez, Mitrane, et je suis satisfait.
Ô destin, à tes coups j'abandonne ma vie ;
Mais sauve, s'il se peut, mon frère et Zénobie.



ACTE V


Scène I.

Pharasmane, Hydaspe, gardes.
Pharasmane

Hydaspe, il est donc vrai que mon indigne fils,
Qu'Arsame est de concert avec mes ennemis ?
Quoi ! Ce fils, autrefois si soumis, si fidèle,
Si digne d'être aimé, n'est qu'un traître, un rebelle !
Quoi ! Contre les romains ce fils tout mon espoir
A pu jusqu'à ce point oublier son devoir !
Perfide, c'en est trop que d'aimer Isménie,
Et que d'oser trahir ton père et l'Ibérie,
Traverser à la fois et ma gloire et mes feux...
Pour de moindres forfaits, ton frère malheureux...
Mais en vain tu séduis un prince téméraire,
Rome : de mes desseins ne crois pas me distraire ;
Ma défaite ou ma mort peut seule les troubler :
Un ennemi de plus ne me fait pas trembler.
Dans la juste fureur qui contre toi m'anime,
Rome, c'est ne m'offrir de plus qu'une victime.