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Connais donc tout ce cœur que tu peux soupçonner ;
Je vais par un seul trait te le faire connaître,
Et de mon sort après je te laisse le maître.
Ton frère me fut cher, je ne le puis nier ;
Je ne cherche pas même à m'en justifier :
Mais malgré son amour, ce prince qui l'ignore,
Sans tes lâches soupçons l'ignorerait encore.

À Arsame

.

Prince, après cet aveu je ne vous dis plus rien.
Vous connaissez assez un cœur comme le mien,
Pour croire que sur lui l'amour ait quelque empire.
Mon époux est vivant, ainsi ma flamme expire.
Cessez donc d'écouter un amour odieux,
Et surtout gardez-vous de paraître à mes yeux.

À Rhadamisthe

.

Pour toi, dès que la nuit pourra me le permettre,
Dans tes mains, en ces lieux, je viendrai me remettre.
Je connais la fureur de tes soupçons jaloux ;
Mais j'ai trop de vertu pour craindre mon époux.


Scène V.

Rhadamisthe, Arsame.
Rhadamisthe

Barbare que je suis ! Quoi ! Ma fureur jalouse
Déshonore à la fois mon frère et mon épouse !
Adieu, prince ; je cours, honteux de mon erreur,
Aux pieds de Zénobie expier ma fureur.


Scène VI.

Rhadamisthe

Cher objet de mes vœux, aimable Zénobie,
C'en est fait, pour jamais vous m'êtes donc ravie !
Amour, cruel amour, pour irriter mes maux,
Devais-tu dans mon sang me choisir des rivaux ?
Ah ! Fuyons de ces lieux...


Scène VII.

Arsame, Mitrane, gardes.
Rhadamisthe

Ciel ! Que me veut Mitrane ? Mitrane.
J'obéis à regret, Seigneur ; mais Pharasmane,
Dont en vain j'ai tenté de fléchir le courroux...

Rhadamisthe

Hé bien ?

Mitrane