Page:Crébillon - Théâtre complet, éd. Vitu, 1923.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée

Est ce même romain dont vos soins aujourd'hui
Ont imploré pour moi le secours et l'appui.

Rhadamisthe

Ah ! Dans mon désespoir, fût-ce César lui-même...

Zénobie

Calmez de ce transport la violence extrême.
Mais c'est trop l'exposer à votre inimitié.
Moins digne de courroux que digne de pitié,
C'est un rival, Seigneur, quoique pour vous terrible,
Qui n'éprouvera point votre cœur insensible,
Qui vous est attaché par les nœuds les plus doux,
Rhadamisthe, en un mot.

Rhadamisthe

Mon frère ?

Zénobie

Et mon époux.

Rhadamisthe

Vous Zénobie ? ô ciel ! était-ce dans mon âme
Où devait s'allumer une coupable flamme ?
Après ce que j'éprouve, ah ! Quel cœur désormais
Osera se flatter d'être exempt de forfaits ?
Madame, quel secret venez-vous de m'apprendre !
Réserviez-vous ce prix à l'amour le plus tendre ?

Zénobie

J'ai résisté, Seigneur, autant que je l'ai pu ;
Mais, puisque j'ai parlé, respectez ma vertu.
Mon nom seul vous apprend ce que vous devez faire ;
Mon secret échappé, votre amour doit se taire.
Mon coeur de son devoir fut toujours trop jaloux...
Quelqu'un vient. Ah ! Fuyez, Seigneur : c'est mon époux.


Scène IV.

Rhadamisthe, Zénobie, Arsame, Hiéron.
Rhadamisthe

, à part.

Que vois-je ? Quoi ! Mon frère... Hiéron, va m'attendre.
D'un trouble affreux mon cœur a peine à se défendre.

Haut

.

Madame, tout est prêt : les ombres de la nuit
Effaceront bientôt la clarté qui nous luit.

Zénobie

Seigneur, puisqu'à vos soins désormais je me livre,
Rien ne m'arrête ici ; je suis prête à vous suivre.