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LA FEUILLE DU CHÊNE

 

Un long cri traversa la plaine !…
La mère accourt ; soins superflus :
Pour l’aller voir à la fontaine,
Son pauvre enfant ne revint plus.

s. pécontal.

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LA FEUILLE DE CHÊNE. — BALLADE.

Reposons-nous sous la feuille du chêne.

Je vous dirai l’histoire qu’autrefois
En revenant de la cité prochaine,
Mon père, un soir, me conta dans les bois.
(Ô mes amis ! que Dieu vous garde un père ;
Le mien n’est plus.) De la terre étrangère
Seul dans la nuit, et pâle de frayeur,
S’en revenait un riche voyageur.

Reposons-nous sous la feuille du chêne.

Un meurtrier sort du taillis voisin…
Ô voyageur ! ta perte est trop certaine ;
Ta femme est veuve, et ton fils orphelin !
« Traître, » a-t-il dit, « nous sommes seuls dans l’ombre,
Mais près de nous vois-tu ce chêne sombre ?
Il est témoin : au tribunal vengeur
Il redira la mort du voyageur. »

Reposons-nous sous la feuille du chêne.

Le meurtrier dépouilla l’inconnu ;
Il emporta dans sa maison lointaine
Cet or sanglant, par le crime obtenu ;
Près d’une épouse industrieuse et sage
Il oublia le chêne et son feuillage,