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INTRODUCTION.

pas insensible à ces chants au son desquels ils ont été bercés et élevés. Les Flamands de Bruxelles, d’Anvers, de Gand, de Bruges, etc., retrouveront dans notre recueil certains textes, certains airs oubliés, que nous, leurs frères occidentaux, malgré notre contact incessant, depuis près de deux siècles, avec d’autres mœurs, une autre langue, et une autre tonalité musicale, avons conservés, sinon dans leur pureté tout-à-fait primitive, du moins dans un état voisin de leur intégrité originelle. Quelle puissance dans ces souvenirs en apparence futiles ! Ici, comme partout, ils sont les meilleurs gardiens, ils resteront les suprêmes vestiges de la langue maternelle, cet héritage sacré du peuple.

II.

Tous les chants de ce volume ont été recueillis dans les arrondissements de Dunkerque et d’Hazebrouck, c’est-à-dire, dans cette partie du nord de la France où la langue flamande est parlée. Presque tous se chantent encore aujourd’hui à certaines fêtes et à certaines époques de l’année dans les rues, dans les ouvroirs, dans les familles ; ce sont des chants populaires dans la véritable acception du mot. Simples et naïfs, ils procèdent du peuple ; chantés par tous, ils sont conservés par tradition.

Nous les avons recueillis de la bouche même du peuple ; c’est là le caractère spécial de notre livre. Texte et mélodie, nous les donnons tels que sa mémoire nous les a fournis. Si quelques-uns, en très petit nombre, ont été imprimés sur des feuilles volantes et se vendent sur les places publiques, aux foires et aux marchés, on ne saurait rien en induire contre la popularité traditionnelle que nous leur attribuons ; c’est là, au contraire, suivant nous, un indice de leur popularité. En effet, cette publicité ne leur est donnée par les Liedzangers, que parce qu’ils connaissent la vogue dont jouissent ces pièces et qu’ils en profitent pour vendre avec celles-ci les chansons dont ils sont les auteurs. Nous n’avons eu d’ailleurs que très peu recours à ces feuilles imprimées ; nous avons toujours préféré la dictée verbale qui nous a fourni plus d’une variante offrant de l’intérêt.

Un mot en passant sur les chanteurs populaires de notre Flandre. De temps immémorial, on voit, les jours de foire et de marché, sur les places publiques de nos villes et bourgs, des chanteurs, appelés Liedzangers ; ce sont souvent un mari et sa femme, un père et ses enfants, ou deux compagnons, ayant pour