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Marc, qui avait la peau tendre, se lamentait outre mesure d’une piqûre d’épingle, l’abbé, placé derrière lui, et en face de la dame, s’avouait auteur de la satire, et se moquait de son ami en tirant la langue. Les uns disaient que le procédé de l’abbé était malhonnête ; d’autres n’y voyaient qu’une espiéglerie. Cette question de morale fut portée au tribunal de l’érudit abbé Fernel, dont on ne put jamais obtenir d’autre décision, sinon que c’était un usage chez les anciens Gaulois de tirer la langue… Que concluerez-vous de là ? Que l’abbé de Cannaye était un méchant ; je le crois : que l’autre abbé était un sot ; je le nie ; c’était un homme qui avait consumé ses yeux et sa vie à des recherches d’érudition, et qui ne voyait rien dans ce monde de quelque importance, en comparaison de la restitution d’un passage, ou de la découverte d’un ancien