Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

eux-mêmes, avec une violence telle qu’ils cambraient les reins sous l’attaque, fendant l’air de leurs ventres rebondis d’hydropiques.

Un pont de pierre se présenta. Ils le franchirent, s’engagèrent sur la pente rapide d’un faubourg.

C’était un de ces faubourgs équivoques de province, moitié chair, moitié poisson, sortes de traits d’union tirés entre la ville et la campagne, où le chaume et l’ardoise alternent, la maisonnette à volets verts et la porte charretière de la ferme.

Celui-ci leur parut vraiment interminable avec ses deux lignées de maisons crénelant de noir opaque le fond plus pâle de la nuit. Sur un sol inégal, fait de terre et de rocailles, ils commençaient de traîner la patte, pauvres diables dont le derrière s’accommode plus volontiers des trots secs que la jambe des marches forcées. La Guillaumette, principalement, que chaussaient des bottes trop étroites, souffrait, trop fier pour se plaindre. Nulle raison, d’ailleurs, pour que ça eût une fin ; après une mai-