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mortalisé. David refusa. Après le traité de Campo-Formio, le général désira voir le peintre ; à leur entrevue, il fut question de faire son portrait.

— Je vous peindrai, dit David, l’épée à la main, sur le champ de bataille.

— Non, répondit Bonaparte ; ce n’est plus avec l’épée que l’on gagne les batailles. Je veux être peint calme, sur un cheval fougueux.

— Lorsque la victoire de Marengo eut de nouveau fixé le sort de l’Italie, Bonaparte, de retour à Paris, fit venir David.

— Que faites-vous en ce moment ? lui dit le premier Consul.

— Je travaille au passage des Thermopyles.

— Tant pis, vous avez tort de vous fatiguer à peindre des vaincus.

— Mais, citoyen consul, ces vaincus sont autant de héros qui meurent pour leur patrie, et, malgré leur défaite, ils ont repoussé pendant plus de cent ans les Perses de la Grèce.

— N’importe ; le seul nom de Léonidas est venu jusqu’à nous, tout le reste est perdu pour l’histoire.

Bonaparte lui ayant renouvelé le demande de son portrait, David lui promit de s’en occuper aussitôt, et le pria de poser.

— A quoi bon ? répondit Bonaparte ; croyez-vous que les grands hommes de l’antiquité dont nous avons les images, aient posé ?