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de cinq enfans, dont le mari est parti pour la défense de la patrie. »

Sous le rapport de l’art, ce tableau est une production extrêmement remarquable ; il y règne une grande puissance d’effet, et un éclat que l’on n’avait pas encore trouvé dans les ouvrages de David.

Les deux portraits de Marat et Lepelletier, auxquels l’artiste a donné un caractère éminemment dramatique, sont de même dimension. On voit qu’ils ont été disposés pour être en regard l’un de l’autre ; mais l’homme habile se montre dans la manière différente dont ils ont été exécutés. Marat avait les habitudes d’un homme du peuple, quoiqu’il eût reçu de l’éducation ; Lepelletier appartenait à la haute classe de la société dont il avait conservé les manières. Il est facile d’apercevoir cette différence au simple aspect des deux portraits : celui de Marat, qui représente une nature hideuse et grossière[1], est heurté ; tandis que celui de Lepelletier est modelé avec plus de finesse ; on y trouve une grâce et une délicatesse de pinceau qui n’existent pas dans l’autre.

Les jeunes Bara et Vialat avaient péri en donnant des preuves d’un ardent républicanisme. David, après avoir déploré cette perte à la tribune, con-

  1. David a laissé un portrait de Marat, d’après nature, fait quelques instans après qu’il eut expiré. Ce portrait, au crayon, est d’une effrayante vérité.