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Viens, et, ranimés pour te voir,
Ils vont s’élever sur tes traces ;
Viens, grand Corneille vient t’asseoir
Au pied du tombeau des Horaces ! »

Ces vers pouvaient s’adresser aussi bien à David qu’à Corneille ; le génie de ces deux grands hommes me semble offrir une analogie remarquable ; tous deux excellent à rendre des scènes fortes, à exprimer des sentimens énergiques. En puisant à la même source, le peintre n’est point resté inférieur au poète.

David avait pris dans l’Histoire des Horaces un autre dont il n’a laissé qu’un dessin : c’est le vieil Horace défendant son fils devant le peuple. Le guerrier tient encore à la main l’épée qu’il a plongée tour-à-tour dans le sein des ennemis de sa patrie et dans celui de sa sœur. Son maintien exprime une sorte de calme féroce ; ses yeux, animés d’une fierté sauvage, regardent le peuple assemblé devant lui, pour prononcer sur son sort. Le père parle à la multitude : il défend le meurtrier de sa fille ; mais ce meurtrier est le vainqueur des Curiaces : tout autre sentiment disparaît à ses yeux. Cette conception est une des plus fortes que le génie de David ait enfantées.

Socrate, entouré de ses disciples, recevant le breuvage mortel des mains du valet des Onze, est, sans contredit, le plus bel ouvrage de David sous le rapport de la composition. Ce tableau fut exécuté,