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PRÉFACE


Dès mes débuts dans la composition de la fable, le public et les littérateurs étrangers, loin de me décourager par leurs critiques, m’ont, au contraire, témoigné un vif intérêt, et décerné d’eux-mêmes le titre de Fabuliste français.

Ce titre m’est sans doute donné pour l’originalité franche de mes sujets, nullement comme à une égale de La Fontaine.

Du reste, à bien parler, notre grand poète ne fut pas un fabuliste. Ses fables si admirées datent de l’antiquité, et la plupart des vers immortels qu’on y remarque sont des emprunts faits à divers auteurs.

Prenons, comme exemple, Le Chêne et le Roseau. Esope l’invente, Phèdre le versifie, Babrius l’orne, Avien l’embellit : au quinzième siècle, en France, Pierre Blanchet, plus tard, Gilles Corrozet, y ajoutent le charme de la naïveté gauloise ; enfin, arrive La Fontaine ; il lit ses devanciers, les étudie, comprend leurs beautés, s’en empare, les résume, et nous raconte merveilleusement cette belle fable qu’il termine par une noble image virgilienne.

A-t-il fait là œuvre de fabuliste ?… non, il n’a fait qu’œuvre de maître narrateur.