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FABLES ORIGINALES

FABLE XVIII.

Le Temps et les Rhumatismes


Le temps n’est plus très jeune ; il a quelque mille ans ;
C’est un âge avancé pour le commun des gens
Qui fêtent bruyamment ici-bas sur la terre
Un rare petit centenaire.

Les géologues curieux,
Par le calcul, avec la sonde,
Voudraient préciser en tous lieux
L’heure exactement sûre où le Temps vint au monde,
Premier du nom et sans aïeux.
Le Temps leur cache à tous son extrait de naissance
Et les réduit à l’impuissance
De livrer le secret des dieux.
Beau vieillard encor vert, et marcheur intrépide,
Il désigne à la mort qui suit son pas rapide,
Hommes, femmes, enfants, le chêne, les roseaux,
Ce qui se meut dans l’air, ce qui vit dans les eaux.
Là, sa tâche finit. Aussi bien il s’étonne
D’entendre les humains, hiver, printemps, automne,
L’accuser de leurs maux.
C’est le temps, disent-ils, aujourd’hui variable,
Qui nous fait éprouver ce mal intolérable
À l’épaule, aux sourcils, aux pieds, aux doigts, aux mains ;
Je le sentais venir à ma douleur de reins ;