Page:Coupey - Fables originales, 1881.pdf/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
BIBLIOGRAPHIES

l’idée d’un mariage forcé de serfs ne se réalise pas. L’Émancipation amène un dénouement naturel et simple. La conception de Latone, conception de premier ordre, est plus haute, plus étudiée que celle de la comtesse Danicheff, qui sacrifie sa dignité à l’esprit de parti. Latone représente l’ancienne autocratie féodale et la nouvelle autocratie libérale tendant la main à la démocratie intelligente, afin que, marchant de pair, elles n’aient qu’une pensée, qu’un but : le bien et la gloire du pays. Le drame y gagne, aucun des personnages n’est odieux, tous se grandissent, accusent des sentiments humanitaires, patriotiques, fraternels. Latone et Lazienski, de caractères Shakespeariens, doués de génie, de noblesse, de vertus antiques, ne faiblissent pas un instant et demeurent face à face, force contre force, tous deux fiers, dominateurs, indominés, jusqu’à la fin de cette lutte colossale à travers une épopée dramatique réelle et d’une richesse d’imagination inouïe. Il faut remonter au beau temps du Monte-Christo, du Bossu, des Trois Mousquetaires, pour retrouver ces géants héroïques et ces splendeurs de mise en scène. L’or, les diamants, les harems, les fêtes et les peintures de la vie orientale encadrent l’action féeriquement. La merveilleuse Czarine règne sur une cour asiatique digne des Reines des mille et une Nuits. Ce drame transporté au théâtre ne peut manquer d’y obtenir un succès retentissant. Nous le souhaitons a l’auteur de Marielle et de l’Orpheline du 41e que la presse et les lettres suivent dans ses études avec l’intérêt qu’elle sait donnera chacune de ses œuvres, dont la dernière est la révélation d’une supériorité notoire de talent.

En terminant, nous félicitons la plume virile, coloriste et vraiment française qui a écrit cette superbe conception de