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BIBLIOGRAPHIES

été secrètement vendue aux Thémiranoff, qu’elle est au pouvoir de Latone. Fou de douleur, il se fait violence et va demander à la princesse la main de sa serve. La princesse la lui refuse, et offre de l’unir à l’une des premières femmes de l’Europe, dût-elle lui sacrifier sa couronne et sa fortune. Cet héroïsme condamne André au silence. Adore est perdue, car Latone pour que le Comte ne descende pas du rang où elle l’a élevé, en l’épousant, la marie à l’un de ses intendants. Mais ce projet est traversé. Odette de Gabre et Georges d’Aluze se dévouent pour sauver leurs amis. Eux aussi doivent tout à la princesse qu’ils chérissent et admirent ; mais ils doivent encore plus à l’amitié malheureuse qu’à la bienfaitrice triomphante. Georges vole à Pétersbourg trouver l’empereur et rapporte l’Ukase d’émancipation qui ne sera publié que dans quelques jours. Adore est délivrée au moment où le prêtre allait l’unir à l’intendant des Thémiranoff.

Enfin, libres, ils n’ont qu’à jouir de leur bonheur. Mais le bonheur n’existe pas pour eux ; ils ont horreur de leur ingratitude envers la femme qui les a comblés de tant de bienfaits. Odette pénètre l’Ukase à la main chez Latone lui arracher un pardon sans lequel elle ne saurait vivre désormais. Dans une scène poignante, d’une énergie nerveuse, où toutes les passions et les noblesses de caractères vibrent palpitantes et émues, elle triomphe de la plus légitime des colères, du plus grand des orgueils et obtient pour elle et pour André l’oubli de leur trahison.

Tel est en substance ce roman remarquable et d’une originalité rare. L’on voit qu’il existe dans le drame et la pièce de l’Odéon le rapprochement que l’auteur a signalé à M. Dumas fils, avant l’apparition des Danicheff. Seulement, ici,