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FABLES ORIGINALES

Un philosophe ayant ouï la chose,
Se présenta pour son apothéose.
Il est instruit, spirituel, fécond,
Sachant traiter tous les sujets à fond.
— Vous désirez, Monsieur, que j’estime vos lignes ?
Demanda maître Luc ; j’ai des cotes bénignes :
Vous serez pour cent sous, piètre gratte-papier,
Pour six francs, écrivain, célèbre romancier ;
Donnez sept, vous lirez que dans notre hémisphère,
Vous êtes un phénix bien au-dessus d’Homère.
D’ici sort à l’instant le poète Avorton,
Plume gâche-métier ; mais pour son ducaton
Nous le comparerons à Virgile, à Térence,
Et nous l’illustrerons avec la déférence
Due au déboursement : Signez-vous le traité
Qui le gratifiera de l’immortalité ?
— Impossible Seigneur ! Vivant dans l’indigence,
Je ne possède rien que mon intelligence.
— C’est trop peu mon ami, portez plus loin vos pas,
De vous, de vos écrits, nous ne parlerons pas.


FABLE V.

Le Paon et le Singe.


Un maître sot, le paon, à l’éclatant plumage,
Un singe sémillant au grisâtre pelage,
Las du calme repos que l’on goûte au logis
Voyageaient en divers pays.