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FABLES ORIGINALES

« Oubliez ! pardonnez ! ô généreux moutons,
« Vous les verrez manger l’herbe que nous broutons. »
L’éloquent plaidoyer convainquit l’auditoire.
Les loups amnistiés rendus au territoire
Firent les convertis à leur débarquement.
Mais un loup est un loup, et son amendement
Ne sera pas d’aimer paître la marjolaine
Ni de laisser en paix le troupeau dans la plaine.
Les crédules moutons décimés sous ses coups,
Comprirent qu’ils étaient de véritables fous
D’avoir cru bonnement au repentir des loups.


FABLE IV.

Le Dictionnaire.


Un matin maître Luc, sagace doctrinaire,
Imagina, dit-on, un gros dictionnaire,
Où devait figurer le savant, l’érudit,
Le peintre de talent, l’artiste plein d’esprit.
Ce bel ouvrage en devançant Larousse,
Les Vapereau, les d’Hozier et les Brousse,
Faisait de Luc un de nos grands auteurs,
Et le classait parmi les novateurs.
L’agent secret du corps diplomatique,
L’homme d’État, l’orateur politique.
Approuvaient fort l’ouvrage en question,
Qui les louait contre souscription…