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FABLES ORIGINALES

Reparlons du Soleil. Phébus, d’humeur morose,
Dardait le chaud rayon qui fait fleurir la rose ;
Et peu poli, sans saluer,
Derrière un gros nuage il allait s’éclipser.
— Vous vous sauvez ? lui dit la Pluie.
— N’êtes-vous pas mon ennemie ?
— N’en croyez rien, je vous en prie,
Insista-t-elle aimablement.
Phébus reprit maussadement :
N’en rien croire est bien difficile
Quand vous noyez
Vous perdez
Les moissons dans les champs, les toilettes en ville.
— Monsieur ! vous me calomniez.
— Madame vous rendez toute terre infertile.
Sauf les canards,
Les citernes, les épinards,
Et les marchands de parapluies,
Qui donc jamais souffrent les pluies ?
— Beau conducteur de phaéton
Si vous le prenez sur ce ton
Je vais répondre à vos querelles,
Qu’excepté les marchands d’ombrelles
On en a vite assez de vous !
Cria la naïade en courroux.
— Assez de moi ? vous voulez rire.
— Non, c’est bien ce que je veux dire :
Lorsque vos ardents feux jaloux
Brûlent le sol et la pâture,
En doléance est la nature,
Les peuples tombent à genoux,