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FABLES ORIGINALES

De le voir mal régir les onéreux impôts
Et dévorer sans faim les lapins, les levrauts.
Ce n’est point là l’esprit qui se vantait de faire.
De chaque mendiant un grand propriétaire
Comme il l’est devenu, l’économe parfait
Qui triplait, quadruplait sa fortune à souhait.
Impossible d’admettre un pareil gaspillage,
De supporter longtemps un cheik aussi peu sage ;
La mésestime vient ; du pouvoir on l’abat,
Pour sauver de la ruine et le peuple et l’État.

Gérer avec succès les trésors des royaumes,
N’est commun ici-bas, même, parmi les hommes.
Tel qui sut amasser pour lui seul promptement,
Dissipe du voisin l’épargne lestement.
Le secret de cela peut s’ajouter aux vôtres ;
On ménage son bien plus que celui des autres.


FABLE XIV.

Le Soleil et la Pluie


Dans un jardin de l’Italie
Le Soleil rencontra la Pluie.
C’était en mars ; mois où, dit-on,
Le diable bat sa femme à grands coups de bâton.
Qu’il la frappe s’il veut avec toute sa force,
Je ne mets pas mon doigt entre l’arbre et l’écorce.
Aux naïfs trop en cuit d’accorder les époux,
C’est contre eux que toujours se retournent leurs coups.