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FABLES ORIGINALES

Un lâche citoyen sans bouger de chez lui,
Bras croisés regardait brûler le bien d’autrui.
L’incendie était loin, il n’avait rien à craindre ;
Partant, pas à courir pour chercher à l’éteindre,
Pensait-il ; mais le vent fit voler un tison,
Qui tombé sur son toit consuma sa maison.

Aux malheurs du prochain montrez-vous très-sensibles,
Vous pouvez quelque jour subir ses coups terribles.
S’entre protéger tous, serait l’habileté
De ceux qui n’ont au cœur aucune humanité.


FABLE XIII.

Le Cheik.


Au sud des bois d’Alger, un renard fort habile,
Expert à dépister l’Arabe et le Kabile,
Prétendait succéder au chef de sa tribu,
De par le vrai savoir dont il se croit imbu.
N’a-t-il pas agrandi le terrier son domaine ?
Troué l’épais taillis, tracé méandre en plaine
Pour fuir l’adroit chasseur… Cherchez aux alentours
Un renard aigrefin, capable de ses tours…
Le fait est que, pas un n’a fortune si belle,
Son silo plein de coqs et d’épis en javelle.
Nul ne réclama donc, quand le cheik enterré
Il coiffa le turban qu’il avait désiré.
Mais quelle est la stupeur des émirs de sa race,
Quelle indignation saisit la populace,