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FABLES ORIGINALES

Le rossignol pourtant demeurait étonné
Que sur harpe et musette il ne fut pas joué.
Il s’étonnait à tort : le merle, la fauvette,
Le pinson, le tarin, le moineau, l’alouette,
Jaloux de son talent contre lui conspiraient ;
Ne soufflaient mot de l’ode, ou pis, la dénigraient.
L’ode inexécutée,
L’écho ne redit pas la musique enchantée.
Rossignol meurt. Soudain en chœur,
Avec accords, avec ardeur,
Tous les oiseaux des verts bocages
Chantèrent ses savantes pages.

De Berlioz il eut le sort ;
Il fut célèbre après sa mort.


FABLE X.

Les Fruits.


J’ai souvenir qu’à Valence, en Espagne,
Un mien ami habitant la campagne,
Dans son fruitier rangea sur des rayons
Figues, cédrats, oranges et citrons.
Livrés à leurs réflexions,
Les fruits d’été, les fruits d’automne,
Ne souriaient point à Pomone.
Mûrir pour le Corrégidor,
Vêtir pour lui la robe d’or,