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FABLES ORIGINALES

FABLE III.

L’Oie


Une oie assez âgée (elle compte six ans)
S’indigne bel et bien en entendant les gens
Traiter d’oie un des leur qui fait une sottise,
Ou dit avec aplomb quelque grosse bêtise.
C’est faux, réplique-t-elle à son ami canard ;
Je n’ai pas dans mon sac la ruse du renard,
L’esprit de feu Voltaire et de défunt Virgile,
Mais j’ai plus de bon sens que le sot imbécile
Auquel on me compare. Avez-vous jamais vu
D’autant de déraison notre crâne pourvu ?
Parlons-nous sans savoir ? agissons-nous sans cause ?
Passons-nous comme lui du gris, du vert au rose.
Le tout en un moment ?… Non ! non ! non !…
Cette comparaison pour l’oie est un affront.
Il n’aurait jamais pu remplir le brillant rôle
De mes nobles aïeux sauvant le Capitole.


FABLE IV.

Petit Bouton[1]


Petit bouton, pressé d’éclore
À l’aurore,
Dès qu’il crut voir poindre le jour
Sur la campagne d’alentour ;

  1. Cette fable est tirée de la MUSE DES ENFANTS, ouvrage médaillé, où se trouve l’enfantine populaire : LE PETIT DOIGT DE MAMAN. — E. Plon, édit.