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FABLES ORIGINALES

Être rivée à lui désole l’enchaînée.
Elle pleure son sort, maudit sa destinée.
La suite du récit se terminant très mal
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FABLE II.

Brifaut


On chassait au renard dans les bois d’Angoulême.
L’animal découvert, habile en stratagème
Pour dépister la meute à l’entour du terrier,
En sortait, y rentrait, arpentait lande et plaine
À mettre les chasseurs et les chiens hors d’haleine,
Sans espoir de bonder avec lui le carnier.
Mais Brifaut, nez au vent, flaire bien son gibier.
Il ne prend pas le change, et vous force la bête
À recevoir le plomb que loge dans sa tête,
Le chasseur triomphant. Curée ! à ses abois
Les joyeux sons du cor troublent l’écho des bois.
Le retour fut moins gai. Brifaut pose la patte
Sur une épine indélicate
Qui déchire ses chairs. Par la douleur étreint
Il boite, va clopant, et tout larmoyant geint :
Mon compagnon Taillaut partage ma tristesse ;
Je souffre horriblement. — Plaignais-tu la détresse
Du renard ? fit Taillaut. Ah bien, oui !
On pleure sur son mal on rit des maux d’autrui.
N’ayant pas attrapé ta profonde blessure,
De tes gémissements je n’ai souci ni cure.