Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/605

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ce subject, et quel poste je debvrés tenir, avec ma compagnie, laquelle est encore à présent de cinquante maistre effectifs, en ayant perdu trente, depuis que l’armée du cardinal de la Vallette vient à Jussez, pour m’y surprendre, avec quinze cents chevaulx et quinze cents hommes de pied et trois pièces de canon. Mais nonobstant telle force, après avoir escarmouché jusques à mydy avec eulx, je me retirast, sans perdre que trois soldats, où il y demeurast de leurs costé un cornette. Et mesme trois jours auparavant, je leurs avoit enlevé un cartier, dans un village de Lorraine nommé Blondefontainne, où il demeurast soixante hommes sur la place et quelques prisonniers, ausquels je donnast cartier, pour sçavoir la force de leurs armés. Aussitost je donnast advis à M. de Gallas. Mais comme ma compagnie a esté levé par ordre de M. le marquis (de Conflans) et de M. de Beauchemin, pendant le siège de Dole, pour la conservation de la province, le tout à mes fraists et sans avoir receu un sols, jusques au nombre de quatre-vingt-treize maistre, comme je le ferés veoir par la monstre que j’en ay faict par devant lesdicts seigneurs, laquelle j’ay conservé en son entier, nonobstant la rupture des aultres, qui se fist en allant à Chaussin. Et pour payement et satisfaction de mon travail et de mon bien, que j’ay fourny pour le service de la province, ledict seigneur marquis voudroit encore que je remette ma trouppe à mes fraist sur pied, dans le mesme estat qu’elle estoit auparavant. Ce que je ne puis faire, si Messeigneurs aussy ne le désire, et qu’au préalable vous n’ordonniés aux communautés de me les remettre en main, sur peine telle qu’il vous plairat.

Or comme l’armée de M. de Gallas est logé aux environs de Champlite, distans de quatre lieux de la Saône, et que ses Croates et Alemand courent nécesairement sur icelle, et mesme la passe à la neige, en ayans ses jours passés, avec ma compagnie, faict reppassé jusques au nombre de plus de deux cents, qui emmenoient quantité de femmes et filles, qu’ils avoient prist dans le bois de Jussés, lesquelles je retiré d’entre leurs mains, comme aussy les chevaulx qu’ils emmenoient, que je fist restituer aux paysans. C’est pourquoy il seroist nécessaire encor de quelques aultres trouppes de cavalerie sur le bord de la Saône, pour les empescher de passer dans le bailliage d’Amont, et envoyer une ordonnance à tous les villages, depuis Port-sur-Saône jusques à Jonvelle, de rompre les guets et les bacce, en telle sorte que point de cavalerie