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fut inflexible, et les députés sortirent de la conférence de Colombier sans avoir rien arrangé. Mais le surlendemain il leur dépêcha son quartier-maître à Charriez, pour leur dire que, cédant à leurs représentations et aux désirs des gouverneurs, il leur laissait six mille hommes seulement. Puis il partit le soir même pour Luxeuil, où il s’arrêta huit jours, attendant la répartition des quartiers et voulant savoir où seraient logés ses régiments ; car Toréguso, qui de son côté avait envoyé son quartier-maître à la conférence de Charriez, ne voulut pas se mêler des troupes impériales ; de plus, il refusa de traiter avec le duc de Lorraine ; fatale division, qui apporta les plus grandes difficultés à l’opération des commissaires[1]. Quand ils eurent fini, Gallass investit le baron de Furnimont de ses pouvoirs et donna sa démission de commandant en chef de l’armée impériale. Ensuite il prit, avec une simple escorte, le chemin de l’Allemagne, par Sainte-Marie, le Tillot, Thann et Brisach (21 janvier)[2]. Ainsi quitta-t-il notre province comme un fugitif et un vaincu ; il y avait quatre mois et trois semaines qu’il en avait franchi la frontière pour la première fois. Peu d’hommes de guerre ont laissé dans nos contrées un souvenir aussi funèbre et aussi profond. Longtemps encore le Bassigny continua de trembler au souvenir

  1. " Ceste désunion nous at apporté tant d’embarrasses et d’embrouillements au répartement des quartiers, que peu s’en est faillu que nous n’ayons estés réduicts au désespoir. Et quoy que nous travaillassions jour et nuict, s’estoit tosiours en vain. Enfin, aujourd’hui vendredi, nous avons achevé comme nous avons pu ledit répartement, avec les deux quartiers maistres généraux. " (Rapport des commissaires ; Charriez, 16 janvier 1687.)
  2. Même rapport.