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les arabes

l’empire byzantin peuplé de sites illustres, héritier de traditions millénaires avait été une réalité puissante. Alors que de cette réalité plus rien ne restait que des débris épars, on eût dit que la cité impériale ramassait en elle-même la lumière qu’elle avait durant des siècles répandue sur le monde afin de s’entourer d’un ultime éclat au moment de sombrer dans la nuit barbare.


LES ARABES

En propageant de l’est à l’ouest la religion de l’islam, les Arabes en ont-ils voulu tracer l’emblème sur le sol ? Leur épopée en effet a dessiné comme un immense croissant appuyé aux rives méridionales de la Méditerranée et dont Bagdad et Cordoue formeraient les pointes. Cette épopée a duré six siècles : elle s’enferme entre les deux dates extrêmes : 622-1212. Mais on ne saurait la bien comprendre si on en néglige le préambule, c’est-à-dire l’étude de l’Arabie avant Mahomet.

L’Arabie est une terre étrange dont les parties fertiles ou simplement habitables sont séparées les unes des autres par de vastes régions pierreuses et desséchées et qu’isolent au nord des déserts de sable. Elle a dû à sa configuration d’échapper aux invasions asiatiques. Les habitants n’ont point connu les grands bouleversements, les migrations dévastatrices, les formes politiques ou religieuses imposées par un vainqueur impitoyable mais c’est une erreur généralement commise de voir en eux des populations retardataires vouées à l’ignorance et à la pauvreté. Placés sur la route des caravanes qui, par les rivages orientaux de la mer Rouge et ensuite par eau, mettaient la Méditerranée et l’Inde en communications de façon plus rapide, plus facile et souvent plus sûre que ce n’était le cas en traversant l’Iran ou même le golfe Persique — appartenant à cette fine race sémitique d’où sortaient les Hébreux, les Phéniciens, beaucoup de Syriens et de Babyloniens, les Arabes avaient pris contact de très bonne heure avec les deux groupes de civilisation, le méditerranéen et l’asiatique. Ils n’étaient ni intellectuellement ni matériellement en position de leur servir de trait d’union et d’en assurer ainsi la féconde