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sous la fortune de Saladin. Après la retraite de Richard Cœur-de-Lion, que suivit à peu de distance la mort de Saladin, les faibles colonies chrétiennes de l’Orient n’étaient plus protégées que par la terreur qu’inspirait le nom du prince anglais, et surtout que par les guerres intestines qui divisaient l’empire du sultan d’Égypte. L’Europe, récemment instruite, par l’exemple de ses trois plus puissans souverains, des difficultés attachées à la conquête de Jérusalem, semblait peu disposée à prodiguer encore une fois ses trésors et ses armées dans cette sainte et périlleuse entreprise. C’est en de telles circonstances que l’empereur d’Allemagne, Henri VI, prit la croix, à la prière du pape Célestin III. Il est permis de croire que ce prince était plutôt animé par des vues politiques que par des intentions religieuses. Les trois armées qu’il envoya au secours de la Terre Sainte, et qu’il dirigea de loin sans quitter l’Europe, lui servirent à la fois d’instrument et de prétexte pour l’accomplissement de ses projets ambitieux sur le royaume des Deux-Siciles. La conquête de ce royaume fut l’ouvrage d’une armée croisée, comme, à une époque voisine, la prise de Constantinople devint l’objet et le résultat d’une