la créature. Ce héros, toujours entouré de femmes de plaisir, passait pour les servir magnifiquement la nuit, et pour les récompenser médiocrement le jour. Il eut de Mlle Verrière une fille qui fut appelée Aurore et qui resta, encore enfant, sans ressource à sa mort. Alors Mme la Dauphine en prit soin, et la fit élever à Saint-Cyr, mais défendit à sa mère de la voir. Aurore de Saxe, devenue nubile, vient d’épouser un officier retiré du service et employé comme lieutenant du roi dans une petite place d’Alsace[1]. Sa mère lui a présenté le jour de ses noces la pièce de vers que vous allez lire.
Oui, ma sœur, ce sont eux, c’est lui !
Qu’il est intéressant !
Qu’il est intéressant ! Qu’elle est touchante et belle !
Enfin, ma fille, enfin je jouis de mes droits ;
Des marches de l’autel, c’est moi qui vous reçois ;
Venez, venez sentir dans les bras d’une mère
Combien je vous aimai, combien vous m’êtes chère.
Ce jour, ce jour heureux qui nous réunit tous,
Vous rend à ma tendresse et vous donne un époux :
C’est le jour du bonheur, le beau jour de ma vie.
Ô vous à qui l’amour et l’hymen l’ont unie,
Héros qui possédez la fille d’un héros,
Dans le sein de la paix et d’un noble repos,
Vous verrez sa candeur, sa tendresse naïve
Distraire en l’amusant votre valeur captive.
Son amour répandra sur vos heureux loisirs
L’intérêt du bonheur, le charme des plaisirs.
Rien encor n’a flétri son âme simple et pure ;
- ↑ Le comte de Horn, bâtard de Louis XV et lieutenant du roi à Schlestadt.