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Nous ne désespérons point d’offrir à nos souscripteurs le facsimile de l’aquarelle de Carmontelle ; mais ils ont dès à présent sous les yeux la reproduction exacte du portrait appartenant à M. Richard de Lédans.

Quant à l’autographe communiqué par M. Étienne Charavay, il est surtout intéressant parce qu’il est daté et signé, précautions que prenait rarement Grimm pour les nombreuses et longues lettres de sa main qui ont passé sous nos yeux.

Les additions considérables que nous apportons à la Correspondance litéraire nous avaient un moment inspiré la pensée de supprimer les articles de Diderot, qui en font partie, mais qui ont tous été reproduits dans l’édition nouvelle. Nous nous sommes ravisé et nous donnerons non-seulement ce que nos prédécesseurs avaient imprimé, mais encore tous les articles retrouvés par M. Godard, à Pétersbourg, et insérés par M. Assézat sous la rubrique de « Miscellanea philosophiques, littéraires, dramatiques, artistiques) » ; il y a plus, quelques courts fragments qui manquent aux manuscrits de l’Ermitage verront ici le jour pour la première fois. Il va sans dire, néanmoins, que nous ne reproduirons ni les Salons, ni la Religieuse et Jacques le Fataliste que Grimm fit connaître tous deux à ses abonnés après la mort de l’auteur.

Cette réserve nous amène tout naturellement à traiter un point délicat pour notre conscience d’éditeur : Raynal, et plus tard Grimm, prenaient à tâche d’adresser à leur clientèle princière les nouveautés qui circulaient sous le manteau et dont les exemplaires étaient presque toujours si rares qu’il fallait bien en faire des copies. Voltaire défraya pendant plus de vingt ans la curiosité légitime excitée par le fruit défendu ; mais il n’était pas le seul à qui s’adressaient les correspondants en quête d’un régal digne de palais raffinés. Raynal mettait à contribution Piron, Voisenon, Roy, Bernis, Robbé et d’illustres inconnus, comme Laurès ou Tannevot ; Grimm avait mieux à offrir : c’était tantôt un paquet de billets du patriarche, tantôt une lettre de Galiani à Mme d’Épinay ; tantôt, aux jours de disette, une élégie de Lemierre ou une chanson de Laujon. Personne, assurément, ne nous reprochera la suppression de l’Épître au président Hénault, de Babouc, du Pauvre Diable, de l’Homme