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— LXXXIX —

sidérés dans les Provinces-Unies ; que continuellement on les appelait traîtres. Il ajouta qu’il était pauvre compagnon ; que souvent il mettait sa vie en hasard pour gagner 10 écus, et qu’il s’assurait que le Roi, s’il le délivrait d’un si grand ennemi, le ferait riche à jamais. Le marquis lui demanda enfin quelle garantie il donnerait de l’accomplissement de ses promesses : il dit qu’il n’en pouvait donner d’autres que sa foi, et le châtiment auquel il s’exposerait, en retombant aux mains des troupes royales, s’il lui arrivait de violer sa parole (p. 125).

Le prince de Parme, à qui tout cela fut rapporté, n’y vit rien de bien sérieux ; le capitaine Get lui parut avoir inventé le plan qu’il venait d’exposer au marquis de Roubaix, pour sortir de prison, plus que pour autre chose : toutefois il autorisa le marquis à prendre le parti qu’il trouverait convenable, pourvu qu’il ne fit nulle mention de lui, ni qu’il laissât soupçonner qu’il lui eût écrit là-dessus (p. 124). Roubaix, partageant l’avis du prince, fit mettre en liberté l’officier français, moyennant une faible rançon (p. 125).

La suite prouva que Farnèse avait jugé sainement. Le capitaine Get n’était qu’un fourbe. À peine rentré dans Terneusen, il eut recours à une nouvelle invention, afin de se faire bien venir de ses chefs : il prétendit que c’était le marquis de Roubaix qui, après toute sorte de menaces et de rudes paroles pour qu’il s’employât à la reddition de cette forteresse, lui avait proposé d’attenter à la personne du prince d’Orange ; il eut même l’impudence d’aller trouver le prince, et de lui faire une déclaration semblable (pp. 129-130).