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— LXXXVIII —

écrivit au marquis de Roubaix qu’il désirait lui parler « pour chose de grandissime importance. » Amené à Eecloo par ordre du commandant des troupes royales, il lui dit que, si le prince de Parme consentait à le maintenir dans son grade, et à reconnaître, par quelque récompense, le service qu’il rendrait, il mettrait en pratique un moyen de faire mourir le prince d’Orange. Il ne s’expliqua pas davantage. Roubaix, de son côté, ne l’y provoqua point, voulant préalablement connaître les intentions du gouverneur général (p. 121).

Alexandre Farnèse autorisa son lieutenant à traiter avec le capitaine Get, au cas que le plan de ce dernier, sur lequel le marquis l’inviterait à s’ouvrir, lui parût avoir des chances de réussite (p. 122). Interpellé en conséquence sur la manière dont il se déferait du prince d’Orange, Get déclara au marquis qu’il comptait se servir d’un poison des plus subtils qui était au pouvoir du barbier de sa compagnie, et que la chose lui serait aisée, par la familiarité qu’il avait avec un maître d’hôtel français attaché à la maison du prince. Le marquis lui objecta que cette familiarité, ni l’occasion qu’elle lui donnait, selon ses dires, d’aller à toute heure à la cuisine, ne lui feraient deviner le mets dont le prince aurait envie de manger tel ou tel jour, il répliqua que si, parce que le prince mangeait habituellement d’un potage d’anguilles qui se cuisait dans un petit pot dont le couvercle était percé d’un trou pour l’issue de la fumée. Roubaix voulut savoir alors les motifs qui le portaient à faire une pareille offre, lui qui était au service des états généraux et accrédité dans la maison du prince : il répondit que les Français n’étaient plus con-