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avec mille hommes de son régiment ; il ne pouvait — écrivit-il au Roi — choisir un meilleur chef ni de meilleures gens ; « Mondragon, outre sa valeur et son expérience, avait accoutumé d’être très-heureux dans tout ce qu’il entreprenait[1]. »

Toutes les dispositions étaient prises en conséquence de ce qui avait été concerté avec Paredès ; Alexandre Farnèse avait quitté son camp près d’Ypres, et était venu occuper Eecloo, lorsque, la veille ou l’avant-veille du jour fixé pour l’exécution, des objections très-sérieuses, qui lui furent faites par la Motte et Mondragon, l’engagèrent à la différer[2]. Depuis, il paraît qu’elle fut abandonnée : nous n’avons, du moins, plus rien vu qui y ait rapport, dans la correspondance du prince de Parme, ni dans celle de l’ambassadeur Tassis, avec Philippe II.

Au mois d’avril 1584, des soldats d’une compagnie italienne appartenante au corps d’armée du marquis de Roubaix, alors campé à Eecloo, prirent un capitaine français de la garnison de Terneusen. Cet officier, nommé Get ou Golt, avait déjà été fait prisonnier en diverses rencontres ; la dernière fois, il s’était échappé en se sauvant à la nage. Il craignit que le souvenir de son évasion n’engageât les Espagnols à rendre sa captivité plus étroite encore (p. 129), et, pour s’y soustraire, il imagina le stratagème que nous allons raconter. Il

  1. Mondragon…… suele ser muy venturoso en todo lo que acomete. (Lettre du 11 octobre 1583, aux Archives de Simancas, Estado, liasse 586.)
  2. Lettre de Farnèse au Roi, du 34 octobre 1583, ibid.