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prince de Parme, à leur égard, et de l’appui que ce prince prêterait à leur entreprise. Se mettre en rapport directement avec lui était chose difficile et périlleuse ; ils couraient le risque d’être découverts, et alors ils auraient payé de leur tête leur nouvelle trahison. Une circonstance toute fortuite vint les tirer de cet embarras.

Paredès avait épousé la veuve du capitaine Tongerloo, qui était française, de Chaumont en Bassigny. La mère de cette dame étant morte sur ces entrefaites, il prit prétexte de la nécessité de reconnaître les biens auxquels sa femme était appelée à succéder, pour demander un passe-port au prince d’Orange ; il l’obtint le 24 juillet, à Flessingue.

Arrivé à Paris dans les derniers jours d’août, il alla trouver l’ambassadeur Tassis, et lui proposa le plan que nous avons fait connaître. La seule chose qu’il prétendit, était des lettres de pardon que le prince de Parme, au nom du Roi, lui délivrerait, ainsi qu’à ses trois adhérents, et dans lesquelles seraient compris tous les Espagnols qui les seconderaient. Il ne sollicitait personnellement aucune récompense, mais il désirait, pour ceux qui s’étaient associés à son projet, que les lettres en question continssent une promesse générale de les rémunérer plus tard.

Tassis ne connaissait point Paredès, et n’avait jamais entendu parler de lui ; il lui témoigna d’abord quelque défiance. Paredès, en preuve de sa sincérité, offrit des otages ; il était prêt même à envoyer sa femme chez le mestre de camp Mondragon. Ces offres firent impression sur l’ambassadeur, qui alors loua hautement son dessein, lui dit que, si lui et ses adhérents le mettaient à exécu-