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— LXXXI —

Si l’un ni l’autre moyen ne lui réussissaient, il était déterminé à aller chercher le prince partout où il pourrait être, et à lui couper la gorge. Ce fut sur la dénonciation d’un autre marchand, à qui il avait confié ses desseins, que Hans Hansz. fut arrêté : d’abord il nia obstinément, mais il finit par avouer tout[1].

Tel est du moins le récit que nous font les historiens protestants, les seuls garants que nous ayons des projets atroces imputés à Hans Hansz., car la sentence rendue contre ce marchand n’a pas été publiée, et c’est vainement que je me suis adressé à M. l’archiviste de Flessingue, pour en obtenir communication : elle n’existe point dans le dépôt confié à sa garde. J’avoue que je n’ai pas une foi entière dans les assertions de Bor, de Le Petit, de Van Meteren : ce qui me les rend surtout suspectes en cette occasion, c’est qu’il en est une au moins dont la fausseté me paraît démontrée. Tous trois rapportent que Hans Hansz. avait concerté ses plans avec l’ambassadeur d’Espagne à Paris : or, j’ai parcouru avec la plus grande attention les papiers de Jean-Baptiste de Tassis, qui sont conservés aux Archives impériales de France, et je n’y ai pas vu la moindre indication de ce prétendu concert ; le nom de Hans Hansz. n’y figure même pas une seule fois.

Un complot, plus authentique, dont nos historiens ne parlent pas, — complot bien autrement redoutable pour la

  1. Bor, Nederlandtsche oorloghen, liv. XVIII, t. II, fol. 48 v°. — Le Petit, Grande chronique de Hollande, liv. XIII, t. II, fol. 471. — Van Meteren, Histoire des Pays-Bas, liv. XI, fol. 228.