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qu’il allait partir pour Anvers, et qu’il ne quitterait pas cette ville sans avoir exécuté son dessein : c’était avec un poignard qu’il avait l’intention de frapper le prince d’Orange ; il suppliait le Roi, s’il périssait dans cette entreprise, d’avoir pour recommandées les trois sœurs qu’il avait à Avila. Tout cela ayant été découvert[1], il fut condamné à mort le 2 mars, et exécuté le lendemain. « Je le vis en prison, après avoir ouy sa sentence, — dit Le Petit mais jamais homme de plus povre courage pour un si grand attentat[2]. »

Le 13 avril suivant, on décapita à Flessingue un riche marchand, nommé Hans Hansz., convaincu d’avoir voulu, comme Ordoño, faire périr le prince d’Orange. Hans Hansz., par des motifs qu’on ne dit pas, avait conçu une haine violente contre Guillaume : il forma le projet de le faire sauter, soit lorsqu’il serait à table à l’hôtel de ville, où il avait coutume de loger, soit lorsqu’il assisterait à l’office dans l’église, et cela à l’aide de barils de poudre placés en dessous de l’endroit que le prince occuperait. S’il manquait son coup à Flessingue, il avait l’intention de louer, à Middelbourg, une maison attenante à l’église française, où le prince entendait le prêche, quand il résidait en cette ville ; il se proposait d’y mettre deux ou trois cents mousquets, qui partiraient en même temps, et tueraient infailliblement Guillaume, ainsi que les personnes dont il serait accompagné.

  1. Voy.  la sentence rendue contre Ordoño, dans l’histoire d’Anvers de MM. Mertens et Torfs, t. V, p. 563.
  2. Grande chronique de Hollande et Zélande, liv. XIII, t. II, p. 471, édit. in-fol.