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ce langage ; nous n’y voyons qu’une preuve de la condescendance et de la dissimulation habituelles du chef de la maison de Valois envers son frère dans quel but Salcedo aurait-il imaginé une conspiration où il enveloppait les princes de la maison de Lorraine et une foule d’autres personnages principaux de la France ? Du reste, ce misérable Salcedo avait mérité son sort, puisqu’il était espion et traître ; mais il est remarquable que les méfaits pour lesquels on eût pu justement le punir, restèrent ignorés de ses juges.

Au commencement de 1583, on arrêta à Anvers un Espagnol qui y était venu sous un déguisement et un nom supposé. Son nom véritable était Pedro Ordoño ou Ordoñez ; il était natif d’Avila en Castille, et avait été élevé à la cour de l’Empereur. Il s’était trouvé déjà à Anvers, lors du sac de 1576, auquel il avait pris part, sans être en aucune manière au service du Roi[1]. Depuis, il avait parcouru différents pays. Au mois d’août 1582, il était au camp du prince de Parme, occupé alors à faire le siége de Bergues, et lui proposait des entreprises sur Flessingue, Dunkerque et d’autres villes qui étaient au pouvoir des ennemis de l’Espagne. Farnèse le jugea plein de zèle et très-fougueux, mais un peu léger ; les propositions qu’il lui faisait lui parurent, d’ailleurs, d’une exécution à peu près impossible[2]. Ordoño ré-

  1. Ce sont les termes de la sentence du 2 mars 1585.
  2. Voici ce qu’il disait au Roi, dans une lettre écrite de son camp, près de Bergues, le 15 août 1582 :

    Ha venido aquí cierto Ordoñez, el cual se ha criado en la corte del Emperador, diciéndome que me habian de venir cartas