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regardé comme un obstacle invincible à l’accomplissement de leurs projets.

Je crois pouvoir affirmer que ces deux versions sont également erronées. Je parle ainsi, après avoir consulté, dans les Archives royales de Simancas, les lettres d’Alexandre Farnèse à Philippe II, et, aux Archives impériales, à Paris, la correspondance de l’ambassadeur d’Espagne en France, Jean-Baptiste de Tassis, avec le même monarque.

Il n’est pas vrai, d’abord, que le prince de Parme ait armé le bras de Salcedo contre Guillaume le Taciturne. Voici ce qu’il écrivait au Roi le 25 août 1582, et l’on ne saurait trouver aucune raison qui rende son langage suspect :

« Quand j’étais près d’achever l’entreprise d’Audenarde, je reçus la visite d’un Juan de Salcedo[1], fils de certain commissaire Salcedo, qui, pour des déplaisirs que lui fit le marquis del Gasto, passa en France, où il servit jusqu’à sa mort ; ce Juan de Salcedo, selon ce qu’on m’affirma, possédait des biens en Lorraine, et était de la chambre du roi de France. Il vint me trouver avec des lettres de recommandation du duc de Lorraine et d’autres personnages. La première fois qu’il me parla, il était accompagné du baron de Boninghe[2], fils du baron de Licques, qui est un peu son parent ; il me dit que,

  1. Il est appellé Nicolas de Salcedo par tous les historiens et dans l’arrêt du parlement qui le condamne à mort ; mais peut-être Juan était-il aussi l’un de ses prénoms.
  2. Gabriel de Recourt. Le 4 mars 1582, le prince de Parme l’avait nommé colonel d’un régiment d’infanterie wallonne, en remplacement de son père.