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— LXIX —

s’exprima-t-il dans sa dépêche de voir que tant de méchancetés et d’insolences contre le service de Dieu, de la religion et de Votre Majesté tardassent si longtemps à recevoir leur salaire… Mais enfin nous devons remercier Dieu, qui a permis que la chose s’effectuât, en ôtant du monde un homme si pernicieux et méchant, et en délivrant ces pauvres provinces d’une peste et d’un poison tels que lui (pp. 75-78). »

Cette dépêche est du 24 mars, six jours après le crime de Jaureguy. Farnèse, le lendemain, écrivait à un ministre du Roi : « Le prince d’Orange est mort comme meurent ordinairement ceux qui manquent ainsi à leurs devoirs. Quoique sa fin ait été plus honorable que ses fautes ne le méritaient, elle manifeste néanmoins le juste châtiment de Dieu, qui ne manque jamais de punir ceux qui abusent de son immense bonté, et qui les punit souvent alors qu’ils ont atteint au faîte de la grandeur et de la fortune. Tel a été le sort de ce malheureux, à qui l’on pourrait appliquer ce qu’on a dit d’un autre qu’il eût mieux valu qu’il ne vint pas au monde, car il n’aurait point, par sa rébellion, causé tant de mal à toute la chrétienté…[1]. »

Le même jour, il adressa des lettres aux villes qui tenaient le parti des états et du duc d’Anjou, pour les engager à se réconcilier avec le Roi, puisque « la mort

  1. La lettre du 25 mars n’est pas aux Archives de Simancas ; je l’ai trouvée dans un manuscrit de la Bibliothèque impériale, à Paris, après l’impression du texte de ce volume. Je la donne dans l’Appendice E.