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pour leur confirmer que, selon le jugement des médecins, son état n’avait rien de dangereux, et il ajoutait qu’il espérait bientôt pouvoir faire le même service et prêter le même concours à Son Altesse (le duc d’Anjou) qu’auparavant (pp. 73-74).

Sa convalescence, en effet, marchait d’une manière régulière et satisfaisante. Le duc d’Anjou allait le visiter tous les jours ; ses médecins ne lui permettaient pas de parler, mais il écrivait beaucoup. Les choses continuèrent ainsi jusqu’au 31 mars ; elles changèrent alors de face par un accident imprévu : une des veines du blessé s’ouvrit, et il en résulta une hémorragie que pendant longtemps on ne put parvenir à arrêter : le prince perdit au delà de quarante onces de sang[1]. En ce moment, on ne conservait plus qu’une faible lueur d’espérance. Guillaume, regardant sa dernière heure comme venue, envoya Marnix aux états généraux, pour les supplier, si Dieu disposait de lui, de demeurer unis avec le duc d’Anjou : c’était ainsi que jusqu’à la fin il montrait son patriotisme et son attachement à la cause qu’il avait embrassée. Les états le firent remercier, par Marnix, de cette bonne exhortation ; ils lui firent exprimer leur gratitude de tous les bienfaits que la nation avait reçus de lui, promettant, en général et en particulier, de les reconnaître envers sa famille, s’ils avaient le malheur de le perdre ; ils lui firent enfin donner l’assurance qu’ils resteraient fermes dans leur détermination de vivre sous la souveraineté du duc d’Anjou (p. 63). Ils adressèrent, le même jour, à toutes

  1. Lettre des députés d’Ypres, du 15 avril, dans l’Appendice C.