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relation officielle de l’assassinat — la veue et la parolle bonne, l’entendement et le jugement bien eertain, et, luy estant défendu de parler beaucoup, il escrivoit ferme et bien courant (p. 51). » Ce qui rassurait surtout, c’était son excellente constitution et son tempérament robuste[1], malgré les excès de table auxquels il s’adonnait quelquefois[2]. Néanmoins, le 19 mars, le duc d’Anjou, d’accord avec le conseil d’État, prescrivit que des prières extraordinaires fussent dites dans toutes les églises, afin de demander à Dieu sa guérison, et le jour en fut fixé au 21 par le magistrat d’Anvers (pp. 55, 60-61). L’affluence de monde qui, ce jour-là, remplit les églises des deux langues fut incroyable (p. 53) ; les états généraux suspendirent leurs délibérations, pour aller s’associer au peuple, dans l’expression des vœux qu’il adressait au ciel (p. 52).

Le duc d’Anjou, les états généraux, le magistrat d’Anvers, s’étaient empressés d’informer les provinces et les villes de l’Union de l’attentat de Jaureguy (pp. 56-57, 64-66 et suiv.) ; partout il produisit une sensation extraordinaire. À l’indignation, à la douleur que chacun en ressentit, se mêlaient de vives inquiétudes, car le pays était bien convaincu que le salut de la révolution était attaché à l’existence du prince d’Orange ; les Belges confédérés plaçaient une médiocre confiance dans le nouveau souverain qu’ils venaient de se donner. Voulant tranquilliser l’opinion publique, Guillaume écrivit lui-même, le 23 mars, aux magistrats des villes,

  1. De Thou, liv. LXXV.
  2. Lettre de W. Herlle.