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— LXIII —

Les échevins avaient ordonné qu’on prît toutes les personnes qui seraient en la maison d’Añastro, dès que les papiers trouvés sur l’assassin leur avaient révélé ses relations avec ce marchand : Antonio Venero venait d’être arrêté ainsi, et, sur l’indication donnée par lui que la messe avait été célébrée secrètement, le matin, dans la maison, on s’était également assuré de la personne d’Antonis Timmerman. Mais on ignorait toujours le nom de l’assassin. Pour le découvrir, on plaça son corps sur une civière qu’on porta par la ville, de manière que tout le monde le vit. Sur la Grand’Place il fut reconnu de plusieurs ; Venero convint lui-même que le meurtrier était Juan Jaureguy, serviteur de Gaspar Añastro. Par résolution du magistrat, le cadavre fut exposé, pendant une heure, devant la maison commune ; il fut ensuite mis en quatre quartiers, qu’on attacha aux quatre portes principales de la ville. La tête fut fixée au haut d’un mât, sur le dernier boulevard du château, vers le Kiel[1].

Venero voulut d’abord nier toute participation au complot ; mais des lettres qu’Añastro lui adressait, et qui furent saisies le 19, à la porte de la ville, sur le messager de Bruges, ne lui permirent pas de persister dans ce système : il fit des aveux complets, après que le magistrat, par l’intercession d’un des colonels de la bourgeoisie, lui eut promis qu’il recevrait une mort honorable, et aurait un prêtre pour se confesser et communier[2]. Timmerman avoua tout ce qui s’était

  1. Bref recueil de l’assassinat, etc.
  2. Ibid.