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— LIX —

velle de l’attentat y avait produit une commotion universelle et un indescriptible tumulte ; les bourgeois avaient couru aux armes ; les portes de la ville avaient été fermées, les chaînes tendues dans les rues, les places et les remparts occupés ; on accusait hautement les Français d’avoir armé le bras du meurtrier et de l’avoir tué ensuite, afin de faire disparaître un témoin qui pouvait les compromettre ; on allait jusqu’à dire qu’ils voulaient renouveler dans Anvers le massacre de la Saint-Barthélemy ; des imprécations, des menaces, étaient proférées contre eux ; le duc d’Anjou lui-même n’était pas épargné des attroupements furieux se portèrent vers l’abbaye de Saint-Michel, où ce prince habitait[1].

Le duc d’Anjou se disposait, le 18 mars, à célébrer l’anniversaire de sa naissance : des courses, des tournois, des carrousels, des danses, devaient avoir lieu à cette occasion, et un banquet réunir à l’abbaye de Saint-Michel les membres des états généraux, le magistrat, ainsi que les colonels de la ville[2]. Le premier avis du funeste événement fut apporté à François de Valois par le comte d’Egmont[3] ; Marnix vint le lui confirmer quelques instants après[4]. On avait cru d’abord que la blessure du prince

  1. Brefrecueil de l’assassinat, etc. — Lettre de Jacob Valck. — Lettre de W. Herlle. — Lettre des députés d’Ypres, du 22 mars. — La relation officielle (Bref recueil, etc.) ne parle pas de l’exaspération du peuple d’Anvers contre les Français dans cette journée, et l’on en comprend la raison ; mais les trois lettres que nous venons de citer sont d’accord en ce point.
  2. De Thou, liv. LXXV. — Lettre de W. Herlle.
  3. Lettre de W. Herlle.
  4. Bref recueil de l’assassinat, etc.