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lettres, parmi lesquelles il y avait deux traites, l’une de 2,000, l’autre de 877 écus, faites à Paris, au profit de Gaspar Añastro. En poursuivant les recherches, on découvrit qu’il portait sur le corps des agnus Dei, une médaille du Christ, l’image de la Vierge, une chandelle de cire verte au bas de laquelle était imprimé le signe de la rédemption, comme il s’en donnait aux pèlerins qui allaient visiter le crucifix à Burgos, et deux pièces de peau ressemblante à celle de castor, qu’on prit pour des crapauds séchés ce qui fit dire qu’il avait sur lui des enchantements ; il avait aussi une chemise couverte de croix et d’autres caractères. Toutes les lettres, ainsi que les tablettes, étaient en espagnol. Ces dernières, remplies d’un bout à l’autre, contenaient des écrits dictés à Jaureguy par Añastro : c’était des prières et des vœux à Jésus-Christ, à la Vierge, à l’ange Gabriel, afin qu’ils favorisassent son entreprise. Un de ces écrits, conçu dans le but d’affermir la détermination du jeune Biscaïen, contenait toute sorte de promesses aux habitants d’Anvers, s’ils épargnaient ses jours, après le meurtre commis[1].

Il n’existait plus de doutes dès lors sur les instigateurs et les fauteurs de l’assassin, qui ne pouvaient être que des Espagnols. Philippe de Marnix résolut d’en aller instruire incontinent le magistrat et les bourgeois ; il prit avec lui les tablettes et une partie des lettres trouvées sur Jaureguy. Il était temps que l’incertitude où l’on avait été jusqu’alors dans la ville fût dissipée : la nou-

  1. Bref recueil de l’assassinat, etc. — Confession d’Antonio Venero. — Lettre de Jacob Valck. — Lettre de W. Herlle.